162- Celendin-Laymebamba

Une belle route nous emmène à Celendin où, peu avant d’arriver, se tient un attroupement  sur un terrain faisant en principe office de terrain de foot. En fait se tient un combat de coqs et les hommes sont tous très occupés à assister à ce spectacle sanguinolent qui se traduit en général par la mort de l’un des deux combattants. C’est un spectacle que nous ne goûtons guère, mais par contre, le terrain nous conviendra parfaitement pour la nuit.
La spécialité de Celendin est la fabrication du fameux chapeau de paille et dans les rues, nombres d’habitants sont coiffés de ce couvre chef.
De Celendin, une route spectaculaire mène à Leimebamba puis Chachapoyas. Heureusement, depuis cette année, elle est maintenant goudronnée car c’est une suite ininterrompue de virages à flanc de parois sur 140km. De plus la voie est étroite avec très souvent de longs passages à une seule voie. Une route éprouvante, tant physiquement que nerveusement, car on s’attend derrière chaque virage, c’est à dire à chaque instant, à voir surgir un véhicule venant en sens inverse ce qui nous obligerait à manoeuvrer et à reculer au bord du vide. Route pour amateurs de sensations fortes avec petits véhicules, que nous déconseillons par temps de pluie. La première moitié, de Celendin à Balsas, est la plus impressionnante. avec des à-pics vertigineux sans aucune protection. Ce circuit est peu emprunté et nous aurons la chance de ne croiser que trois véhicules pendant les 5h que nous mettrons à parcourir les 110km menant au second col, avant de plonger sur 28km vers Leimebamba sur une route de montagne moins vertigineuse.
Par contre le paysage est intéressant avec un premier col à franchir à 3100m dans un paysage désertique de caillasses, puis une descente à 850m à Balsas au milieu des cactus, où règne une température de 32° . Ensuite c’est une nouveau col à 3600m avant de redescendre dans la vallée verdoyante de Leymebamba à 2100m.
C’est dans le musée de cette petite ville que sont rassemblées la plupart des momies parmi les 219 découvertes en 1996 dans six tours funéraires à 100m au dessus d’un lac à une dizaine d’heures de marche au dessus de la ville.
Plusieurs momies sont dans un remarquable état de conservation. Leurs formes sont différentes de momies découvertes dans d’autres pays et sont caractéristiques de la culture Chachapoyas. Ces momies mesurent environ 70 cm de hauteur et ont la forme d’un obus avec le sommet en forme d’ogive. Les corps sont recroquevillés et liés en position de foetus.
Les Chachapoyas ou « peuple des nuages », en référence aux nuages qui, la plupart du temps restent accrochés aux sommets des montagnes, régnèrent ici de 500 à 1493, date où les incas envahirent cette région.
Note: Il y a peu de photos de la première partie car, entre le précipice et le brouillard, je suis trop occupé à suivre la route.
Quant à Martine, qui a peur du vide, elle a été on ne peut plus gâtée avec ce parcours. Elle a pu vérifier que la poignée fixée au dessus de la porte passager était solidement fixée. Un cadeau d’anniversaire peu apprécié pour fêter ses 63 ans avec 2 jours d’avance.
Par chance, il n’y a pas de lacets sur cette route. Elle suit presque en permanence la même face des montagnes, ce qui fait que le passager, dans le sens Celendin-Leimebamba est presque toujours coté paroi. Une vraie curiosité. On s’est pris ce jour là pour un « dahu » de nos montagnes savoyardes. Mais j’ai vérifié à l’arrivée; les roues coté gauche et coté droit étaient bien de la même hauteur.
Le lendemain, en quittant Leimebamba sur une route suivant tranquillement la rivière, nous avons la chance de voir une habitante tissant de façon traditionnelle, sur le pas de sa porte. Un bout du canevas est attaché à une poutre du toit, et l’autre passe derrière ses reins. Ainsi, c’est elle qui règle la tension des fils de trâme. Spectacle singulier et peu commun. Comme partout au Pérou et surtout dans cette région, c’est avec une grande gentillesse qu’elle a répondu à nos questions.

Note: pour les non-initiés, le « dahu" est un légendaire animal savoyard de la taille d’un chamois, qui parcourt les montagnes en tournant toujours du même coté, ce qui fait que ses pattes sont plus courtes d’un coté que de l’autre; à moins que ce n’en soit la cause. Pour le capturer, il suffit de siffler; en se retournant il perdra l’équilibre et vous n’aurez plus qu’à le ramasser au bas de la pente. Mais on n’a pas vu de dahu depuis quelque temps. La chasse est ouverte toute l’année.

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