152- Le col

La forêt de pierres se termine après un raidillon à un col d’où la piste à une voie redescend sur Aymayna dans de superbes paysages, puis à Viluyo pour aboutir à un col à 5150m d’altitude. Jusque là tout va bien, la piste est belle dans un environnement désertique où nous ne rencontrons pas âme qui vive. C’est là que les choses se corsent; juste après la dernière balise routière. Les premières ornières boueuses font leur apparition. Après hésitation, nous décidons de poursuivre. En seconde courte et avec les trois blocages de différentiels, avant arrière et central, nous passons sans trop de problèmes. Courte descente dans des épingles où il faut s’y prendre à trois fois et enfin une petite « ferme » où nous pouvons demander notre chemin. Nous comprenons que c’est bien la piste pour Pinaya mais qu’il y a un problème plus loin. Effectivement, cent mètres plus loin, la piste est recouverte d’une coulée de terre sur une quinzaine de mètres. Apparemment ce ne doit pas être récent car la terre est tapissée d’une courte herbe verte et il n’y a aucune traces de roues. Ceci explique pourquoi nous n’avons croisé personne; la piste doit surement être coupée depuis un certain temps.
Voyant que celle ci se poursuit de l’autre coté, nous décidons d’aller plus avant, surtout que Michel nous dit l’avoir faite plusieurs fois, sans difficultés, mise à part une portion de 2 à 3 km un peu difficiles. Le toy joue des coudes et des épaules en seconde courte, tous blocages mis, pour se frayer un passage. Gagné. Le chemin descend jusqu’à une autre ferme que l’on voit sur une photo. Chemin étroit et raviné par endroit qui nous donne quelques sueurs.
Nous voilà à remonter un petit cours d’eau sur une cinquantaine de mètres pour aboutir sur le grillage d’un enclos de lamas. Entouré par des chiens, nous klaxonnons et appelons. Après cinq minutes d’aboiements, une femme vient nous ouvrir et nous confirme la direction. La nuit commence à tomber, nous décidons de bivouaquer sur un petit replat. Nous sommes à 4861m. d’altitude.
La nuit se passe assez bien dans un silence absolu. Le lendemain à 7h, il neigeotte. Nous partons sur le champ, sans plus attendre, car si le chemin se transforme en boue, nous serons bloqués. Sur notre gauche nous devinons une piste à environ 200 mètres, mais impossible de la rejoindre vu l’état du terrain. Nous prenons donc la seule possibilité qui s’offre à nous, suivre le chemin sur lequel nous sommes. Et là, ce n’est pas gagné. il s’agit probablement de l’ancienne piste, maintenant  abandonné. Une suite d’ornières boueuses et de passages écroulés. Nous ne voulons pas refaire en sens inverse, le chemin parcouru qui fut assez pénible. Donc, en avant.
Martine s’est montrée remarquable d’efficacité , car aller chercher des pierres à 4800m pour reboucher des ornières, n’est pas donné à tout le monde. Et ce, dans le plus grand calme, (chose à noter, mais à circonstances exceptionnelles, comportement exceptionnel).
Quant à notre toyota, il s’est montré digne de sa réputation.
Las, après 2km et 2h30 de travail, le chemin s’arrête net sur une zone inondée. Nous voilà bien!
On aperçoit à environ 1km sur notre gauche, la piste que nous n’avons pas réussi à prendre, et à 500m sur notre droite une autre piste. Il faut rejoindre l’une ou l’autre. Personne. A si, un troupeau à environ un bon kilomètre à gauche; il doit donc y avoir un berger à qui demander la direction. Mais il faut d’abord sortir de là. Sur notre droite, une femme apparait à environ 500m. Je vais à pied à sa rencontre. Je comprend à ses mimiques qu’elle se demande ce qu’on fait là, si loin de la piste principale. Je lui explique que nous voulons la rejoindre mais qu’il nous faut trouver un passage. Elle vient jusqu’à la voiture et marche en avant avec Martine pour nous amener au bon endroit. Le toy se comporte bien de ruisseaux en ruisseaux, et la traversée de la rivière nous séparant de la route se fit assez facilement.
En fait, cette dame, qui s’appelle Margarita, habite la maison au bord de la piste principale. Elle y vit seule ici à 4800m d’altitude où elle réside à l’année, quelles que soient les conditions atmosphériques. . Elle élève lamas et alpacas. Elle a mal aux dents et souhaite aller en ville, à SIcuani, pour se faire soigner.
C’est comme cela, que, quatre heures plus tard, nous nous sommes retrouvés à Sicuani. Et, fatigués par cette petite aventure, nous retournons au camping de Cusco.
La piste depuis le col, devait se doute être fermée depuis un certain temps, ce que nous ne savions pas. Comme quoi il faut toujours vérifier sur place les derniers évènements survenus sur le terrain, surtout avant d’entreprendre seuls un 5000, sur une piste ne figurant ni sur cartes routières, ni sur gps.

Mais cela nous aura permis d'apprécier des paysages admirables que peu de gens ont parcouru et que nous vous faisons découvrir.

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Commentaires: 3
  • #1

    Nancy (mardi, 23 juin 2015 01:20)

    TOYOTA
    Es una máquina. . . .!!!!

  • #2

    "La Vigie" (mardi, 23 juin 2015 13:01)

    Beaucoup de commentaires et photos - merci Jacques -
    Maintenant sans Toyota et 'Mémère' vs ne seriez pas à Paracas
    Pourquoi vs ne prenez pas les grands axes, cela serait plus cool !!!!!!!!!!
    Vs ns bluffez ts les 2 non ts les 3 -
    Le Pacifique apportera d'autres horizons
    Bises et à bientôt -

  • #3

    Vinouche (mercredi, 24 juin 2015 22:38)

    Cette piste complètement défoncée et détrempée a dû vous donner quelques sueurs froides ! Mais après avoir tremblé tout au long du reportage photo, on s'apaise à la vue des derniers clichés...magnifiques paysages.