226-Zagros

Après un peu de wifi au ‘Parse hôtel’ à coté du parking où nous avons bivouaqué, nous commençons notre remontée vers le nord le long de la chaîne des monts Zagros en direction du pays Bakhtiyari. La longue traversée des faubourgs de Shiraz qui s’étirent sur plus de 25km ne présente que peu d’intérêt. Toutefois elle a été un peu animée grâce à une famille iranienne circulant en voiture et s’amusant à nous doubler et redoubler, et à gauche, et à droite, en fonction de la circulation, dans le seul but de nous saluer avec de larges sourires et de grandes gesticulations. Parenthèse fort sympathique qui aurait pu mal se terminer et qui s’arrêta d’elle même par la faute de la crevaison d’un de leurs pneus. Pris dans le flot de circulation à 3 voies se déplaçant entre 50 et 70km/h, nous n’avons malheureusement pu nous arrêter pour leur prêter main forte. Une fois de plus, la bienveillance et l’intérêt iraniens à l’égard des étrangers que nous sommes sont clairement mis en évidence. Les photos parlent d’elles mêmes.
Les rivières longeant la route du coté de Ardakan et Yasuj permettent une pisciculture artisanale. Celle ci se pratique dans des bacs cylindriques d’environ 3m de diamètre et 1 m de haut dans lesquels il suffit de se baisser pour ramasser de magnifiques truites, le sourire du patron en plus. En deux temps trois mouvements, il vous propose des filets qui auront tôt fait de finir dans l’assiette à l’étape du soir.
Nous traversons le village de Javanmardi, où nous sommes loin de passer inaperçus, et empruntons un chemin pour nous installer 2 km plus loin sur un terre plein le dominant.

Un beau coucher de soleil, du calme, personne à l’horizon, nous pouvons nous reposer de cette fatigante journée et préparer le barbecue. Las, comme la plupart du temps, l’isolement est de courte durée. Nous avons souvent constaté, surtout en Afrique, que même si vous vous pensez à mille lieux de toute civilisation, perdu en plein désert, moins d’un quart d’heure plus tard, vous êtes observé de plusieurs paires d’yeux qui, quelques instant après, viendront faire connaissance.
C’est ainsi que d’abord deux motos passent non loin en direction du village, puis une, puis deux voitures, chargées d’occupants, viennent tourner autour de nous. L’une d’elle s’arrête et commence à entreprendre une conversation, du moins si l’on peut appeler conversation un ensemble de mots, de gestes et de grimaces internationales qui permettent aux deux parties de se comprendre plus ou moins. Nous comprenons que cette sympathique famille va nous laisser manger tranquillement et qu’elle reviendra plus tard dans la soirée.
Après l’ingestion de ces délicieuses truites, nous attendons un moment et comme personne ne vient, nous réintégrons nos véhicules.
-Ah!- dit Claude -je crois que ce soir nous allons pouvoir dormir tranquille, loin des bruits des grandes villes-.
A peine nos lumières éteintes, nous entendons des tocs-tocs répétés sur le véhicule de Claude et  Nicole. Ceux-ci, très fatigués, ne répondent pas.
Puis vient notre tour. Nous décidons d’ouvrir bien qu’il fasse nuit noire.
C’est la famille de tout à l’heure qui revient comme elle nous l’avait dit: le grand père, la grand mère, la mère, les deux filles et le petit fils. Et nous voilà à huit dans notre cellule de 2m30.
S’ensuit une soirée mémorable de rires, de chants et de ‘youyous’ qui finit tard dans la nuit, Martine riant d’autant plus en pensant à nos voisins fatigués qui rêvaient de passer enfin une nuit dans le calme absolu.
Une fois de plus la magie de la rencontre de gens aux civilisations, aux cultures et aux langues complètement différentes avait fait son oeuvre.
Le lendemain, nous poursuivons en direction de Chelgerd, longeant des montagnes enneigées culminant à 4400m. De laiteux qu’il était jusqu’à présent, le ciel est devenu bleu depuis Shiraz. Après le sable et la sécheresse des déserts de l’est iranien, nous retrouvons avec bonheur maintenant la trilogie du bleu du ciel, du jaune du sol et du vert des cultures.