206-Frontière Iran-Bazargan

Le passage de la frontière Turquie-Iran est possible en deux endroits: Bazargan et Kapikoy, 200km plus au sud. Nous ne parlons pas de la troisième douane, encore plus au sud, à Esendere, qui se trouve en zone rouge. Kapikoy à l’avantage d’être petite, donc peu de monde, mais l’inconvénient d’être à 3200m d’altitude avec risque de fermeture dû à la neige. Malgré le risque d’une importante circulation, nous choisissons Bazargan qui est internationale et ouverte en permanence. .
Ce samedi 22 avril, très peu de monde. Nous remontons une file de camions en attente et la sortie de Turquie se révèle une simple formalité. Une barrière grillagée s’ouvre et se referme derrière nous. Nous sommes en Iran. Deux autocars sont déjà en attente. Un homme vient à notre rencontre et nous fait signe de le suivre à l’intérieur. Les vêtements des uns et des autres permettent difficilement de savoir s’il s’agit d’un officiel ou d’un ‘facilitateur’. Là, une centaine de personnes turques et iraniennes attendent leur tour pour faire tamponner leur passeport. Pour ce faire, femmes et hommes doivent se séparer sur deux files indiennes. Sur une dizaine de mètres, de larges barreaux d’environ 2,50m de haut, espacés de 15cm environ démarquent les deux files d’attente. Les étroites files femmes et hommes sont séparées d’environ 2m pour éviter tout contact. En principe un douanier est à chaque extrémité, mais ce jour là, un seul officiait. L’attente étant particulièrement longue et les hommes, beaucoup plus nombreux, avancaient  également dans la file dévolue aux femmes ce qui leur valu des remontrances des gardes. Mais personne ne bougea. Notre individu nous fit moult signes d’avancer dans la file dévolue aux femmes en forçant le passage ce qui était fort gênant pour nous qui devions nous confondre en excuses. Devant nous une femme portant bébé sur un bras et bagages sur l’autre, refusa avec juste raison de céder le passage ce que nous comprenons parfaitement. Une fois les passeports tamponnés, une hôtesse iranienne nous appela dans son bureau pour relever nos identités et adresses, y compris nom et prénom du père. Tout fut noté sur un carnet  devant le bel écran de son ordinateur. En fait elle était simplement chargée de nous donner de la documentation touristique sur Maku, première ville après la frontière. Elle insista pour que ne n’acceptions de changer nos euros que sur la base de 40000 rials pour 1 euro et pas moins. Conseil fort utile puisque, à l’extérieur, un homme ne nous proposa que 34000 rials pour 1 euro. Quant à la personne qui nous avait ‘aidé’ dans ce parcours, il s’avéra qu’il s’agissait bien d’un ‘facilitateur’ puisqu’il nous demanda 25euros. Restait le carnet de passage en douane à remplir puis à le faire contresigner 2km plus loin. Deux heures après notre entrée en Iran, la barrière de sortie de la zone douanière s’est enfin levée.
C’est dans ces moments que l’on percoit la chance inouïe que nous avons en Europe de circuler dans un espace Schengen de libre circulation des personnes et des biens, même s'il y a des ajustements à réaliser. Cela nous permet aussi d’appréhender un tout petit peu la vie de tous ces gens parqués derrière des barreaux, attendant sous la chaleur et dans la promiscuité un hypothétique passage vers une vie qui se voudrait meilleure.