237-Noratus

Les 80 km suivants de la grande route nationale M2 menant de la frontière iranienne à la capitale Erevan sont en très mauvais état. Un vieux goudron avec de nombreux trous et bosses jusqu’à Yeghegnadzor. Là, nous mettons cap au nord en direction du lac Sevan. Nous trouvons un joli bivouac du coté de Yeghegis, petit village reculé au pied de la forteresse Smbataberd que nous n’avons pas trouvé. En reprenant la route le lendemain, nous franchissons la Sulama Pass à 2410m où se trouve le caravansérail de Selim. Ce monument daté de 1322 et à cette altitude, indique que cette route était un axe important entre le sud persan et le nord caucasien. La longue salle était réservée aux humains, les animaux restant à l’extérieur. Seules trois lucarnes percent le plafond afin de garder un peu de chaleur. Un taureau et une chimère gravés au dessus de la porte d’entrée gardent le caravansérail. Nous ne nous attardons pas, la température ayant tôt fait de réduire nos ardeurs touristiques.
Suit une longue et jolie descente vers le lac Sevan que nous rejoignons à Martuni.

Le lac Sevan est l’une des fiertés des arméniens. A 1920m d’altitude, il a une forme de poire d’environ 75km de long et 56km dans sa plus grande largeur. Il s’écoule dans la rivière Hrazdan qui elle-même se jette dans la rivière Araxe qui sépare l’Arménie de l’Iran. Les besoins de l’irrigation des terres, déterminés par des ingénieurs russes sous la houlette de Staline, ont failli le faire courir à sa perte. A partir de 1950, le niveau du lac a commencé à baisser avec comme prévision une baisse de son niveau de 50 mètres sur 50 ans. En 1978, le gouvernement a pris conscience du problème en déclarant le lac et ses rives parc naturel protégé. Heureusement car le niveau avait alors baissé de 19 mètres. Mais des problèmes énergétiques ont conduit à de nouveaux pompages pour faire fonctionner des usines hydroélectriques. Une usine nucléaire en remplacement a permis de stopper l’hémorragie. Le niveau commence alors à remonter créant d’autres problèmes car des constructions ont profité de la baisse du niveau pour prendre place sur les rives.
Lors de notre passage, la météo n’était pas au mieux de sa forme et nous n’avons pu profiter des plaisirs aquatiques. Mais ce fut l’occasion de nous rendre à Noratus, au cimetière des Khatchkars. Ce sont des stèles sculptées datant du IXème au XVème siècle, certaines représentant les personnes enterrées ou leur mode de vie. La pluie avait bien mis en évidence les lichens rougeâtres recouvrant les monuments. Malgré le froid dû à cette météo maussade, des dames se sont faites un plaisir de commenter, aux touristes que nous sommes, la visite des lieux, moyennant l’achat d’une de leurs productions tricotées, châles, coussins, écharpes, petits personnages, etc….. Ce champ de Khatchkars autour d’une petite chapelle est le plus grand d’Arménie.