139- Qoylluriti

Nous avons roulé assez rapidement depuis Buenos Aires à 3500 km. de là, car nous tenions à assister à la fête du « Qoylluriti ». Elle se déroule une fois l’an à 4600m. d’altitude dans une vallée, à 150 kms à l’est de Cusco, au pied de l’Ausangate (6384m.) En 2015, elle a lieu du samedi 30 mai au 2juin.
Il s’agit d’une procession pseudo religieuse chrétienne car, avec ses nombreux groupes de danses folkloriques, elle tient plus de la fête que de la religion, car il faut aussi calmer les esprits de la montagne. De 20000 à 40000 personnes sont attendues dans un petit village, à 4100m. d’altitude. Aussi le samedi 31, c’est une ville entière qui se monte, des centaines de stands de toiles et bâches  plastiques bleues permettant à chacun d’exposer marchandises et victuailles.
Un chemin de croix de 8 km part du village à 4100m. pour atteindre à 4600m. la chapelle du « Senor Qoylluriti ». La pente est rude sur les deux premiers kilomètres, mais cela n’empêche pas une colonne de pèlerins de monter et descendre continuellement à toute heure du jour et de la nuit.
Plusieurs zones de ravitaillement ponctuent le parcours. A l’arrivée, c’est un autre village de bâches plastique qui se tient, où les commerçants sont prompts à répondre à tous les besoins des pèlerins. L’approvisionnement est permanent grâce à un va et vient incessant de chevaux, mules et mulets portant les victuailles, quand ce ne sont pas les gens eux mêmes, qui sur le dos, qui sur la tête ou à la main.
La nuit du samedi au dimanche voit l’arrivée et la montée des groupes de prières et de musique se poursuivre. Un manège continu sur des airs de musique très semblables, courts, pauvres en tonalité et répétés à l’envi. Spectacle incroyable de cette file de gens s’étirant sur des kilomètres.
Les groupes montent joyeusement en s’arrêtant à chaque station du chemin de croix pour prier et jouer de la musique. Ceci se poursuit pendant les trois à quatre jours du pèlerinage.

Le dimanche est le grand jour: hommes, femmes, enfants, chevaux, tous plus chargés les uns que les autres, montent et descendent en permanence. Au sommet, les groupes revêtent leurs habits de fête et commencent à se regrouper pour un défilé dansant jusqu’à la chapelle du Senor Qoylluriti , bâtie où le Christ serait apparu en 1783.
Arrivés le samedi midi, nous avons pu trouver une bonne place de stationnement qui s’est avérée être devant le poste de police. Le lendemain dimanche, nous étions cernés de toutes parts de bus et camions et aurions été bien incapables de bouger ne serait ce que de 20 cm.
Samedi après midi nous sommes montés à pied en 2h15 et fûmes assez satisfaits de nous, même si, fatigués, nous redescendîmes à dos de cheval. Le temps fût clément avec un beau soleil quelquefois voilé par des nuages. Des groupes se sont mis à danser en préparation du dimanche.
La tradition dit que celui qui accomplit trois fois ce pélérinage du Qoylluriti verra ses voeux exaucés. C’est pourquoi l’on voit à l’arrivée, de nombreux stands vendant des liasses de faux dollars, des voitures et camions miniatures, des maquettes de maisons ou de garages, ou autres représentations d’objets désirés. Il est quand même étonnant de voir des messieurs monter à 4600m. après deux heures d’efforts pour redescendre avec un jouet de semi remorque à la main.

Le dimanche, ce fût une autre paire de manche. Fatigués de la marche de la veille nous sommes montés à dos de mulet. Arrivés au camp de la chapelle, le ciel a commencé à se plomber, et très vite une neige mouillée s’est mise à tomber. Moins courageux que les péruviens, nous décidons d’entreprendre à pied les 2h de descente sous la pluie et sur un chemin boueux, sans participer à l’ensemble des cérémonies.
Nous sommes admiratifs de ces hommes, femmes, et enfants, qui par ce temps pourri, continuent de monter et descendre pour essayer de glaner quelques « soles »  (la monnaie péruvienne qui vaut environ 30 centimes d’euros) auprès des pèlerins.
Le lundi matin, une bonne partie des pèlerins s’en est allé, ce qui n’empêcha pas de nouveaux d’arriver.
Pour notre part, nous décidons de partir vers Cusco, où deux jours après la fête du Qoylluriti, doit se tenir la fête du « Corpus Christi », une des principales fête du Pérou. La principale fête est celle de « l’Inti Raymi » qui a lieu vers le solstice d’hiver, cette année 2015, le 24 juin. Contrairement au Qoylluriti qui est une fête « religieuse », l’Inti Raimi  est le moment où Manco Capac vient exhorter le soleil à revenir. Pour mémoire, en octobre dernier, nous avions vu Manco Capac aborder les rives du lac Titicaca à Puno pour fonder avec Mama Ocllo le peuple Inca (voir article 123).

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