111- Potosi

 Etablie à 4070m. au pied du Cerro Rico ( le Mont Riche) rempli d'argent, Potosi et ses 145000 habitants n'est plus la plus grande et la plus riche cité des Amériques qu'elle fut à partir de 1545, date de sa création par les espagnols. Le minerai extrait par des esclaves indiens puis africains, servait à financer les immenses besoins de l'empire espagnol jusqu'en 1825, date de l'indépendance. On estime à 8 millions, le nombre d'esclaves morts au fond des mines dont ils ne sortaient que tous les 4 mois, ou asphyxiés par les vapeurs de mercure dans les fonderies. Maintenant non rentables, les mines ont été confiées à des coopératives de mineurs qui travaillent de la même façon qu'autrefois à la recherche d'un filon d'argent.
Le passé de Potosi avec ses 80 églises et ses monuments coloniaux fait que la ville est classée au Patrimoine Mondial depuis 1987. L'un des bâtiments les mieux conservé est la "Casa de la Moneda" où étaient frappées les pièces d'argent. Les engrenages en bois furent ensuite remplacés par des machines à vapeur qui restèrent actives jusqu'en 1953.
Vous verrez plusieurs photos à l'attention principalement de François, féru de mécanique.
A l'entrée de la Casa figure un masque de Bacchus, le Mascaron, installé par le français Eugène Moulon en 1865, pour des raisons que tout le monde ignore, mais qui est devenu l'emblème de la ville.
Un autre monument mérite la visite, le couvent musée Santa Teresa et son cloitre, fondé en 1685.
Y entrer pour une jeune fille de 15ans était un privilège, mais ce devait être un privilège pour ses parents car, une fois à l'intérieur, les carmélites n'en sortaient qu'à leur mort sans jamais voir ni toucher d'autres personnes que ses collègues. Je suppose qu'on ne leur demandait pas leur avis. Ceci a perduré jusqu'en 1960, année du concile Vatican II où les règles ont été (très) légèrement assouplies.
Dans les deux édifices sont exposés aussi des peintures de l'école de Potosi et notamment de Melchor de Holguin, le plus célèbre peintre bolivien.
Les oeuvres peintes ou sculptées ont pour spécificité d'être souvent morbides, avec des visages émaciés et des représentations du Christ sanguinolent sans doute plus près de la vérité que nos représentations très propres de son calvaire.
Nous avons eu la chance lors de la visite de la Cathédrale d'être emmenés par un guide bolivien digne de la Comedia del Arte, ce qui nous a permis d'apprécier cette visite qui autrement n'eut été que banale.
La ville est très vivante, mais l'atmosphère détendue, et c'est un plaisir de déambuler dans le centre qui finalement est assez réduit.
Malgré l'altitude dont nous n'avons pas souffert, nous avons profité de températures très clémentes avec de 11° à 19° le matin vers 9h jusqu'à 25° l'après midi.
Nous avons profité de cette halte pour effectuer une révision du véhicule par le très bon garage Comber (S19°34.898 W65°45.187) à 2 quadras de notre bivouac dans la cour de la résidence Tarija à 10' à pied du plein centre. Vidange, graissages, réglage du train avant, démontage complet des moyeux débrayables, contrôles niveaux, soit 2 heures à 2, nous ont coûté la somme astronomique de 100 bolivianos, soit un peu moins de 12 euros. Ceci donne une idée des salaires dans ce pays dont le PIB progresse néanmoins de 5% par an mais se situe encore en dessous de 4500 dollars par an. Les nationalisations à tout va réalisées par Evo Morales n'incitent guère les entreprises étrangères à investir. L'exploitation du lithium sous le salar d'Uyuni sera peut être demain l'Eldorado de la Bolivie.

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