26-Le Portugais

Ce jour là, vers 12h30, nous quittons la "Linha Verde".

La "Ligne verte", c'est cette route cotière qui déroule son ruban nord-sud de 

100 kms menant à Salvador. Salvador de Bahia; car lorque l'on parle de Salvador, il s'agit de Salvador de Bahia, Bahia étant un des états du Brésil. Un  état qui couvre la même surface que la France, mais doté de seulement 14 M d'habitants dont le quart habite son centre névralgique: Salvador.

Nous quittons donc la "Linha verde" pour nous diriger à 6kms de là, vers  un petit village de pécheurs. Après un rapide tour du lieu, nous revenons à l'entrée du village où nous avions vu en passant un de ces nombreux petits "restorante" assez spartiates qui fleurissent un peu partout.

A peine garés,

-Bonjour, vous êtes français? 74 c'est la Haute Savoie? Je connais bien votre région, j'ai habité Lausanne 24 ans.

Un homme mince de petite taille d'une soixantaine d'années nous aborde. Il est vétu d'un tee shirt un peu rapé , d'un pantalon court et de tongues,comme tout le monde ici et d'une casquette qui n'est plus de première jeunesse. Avec son teint 

mat et sa barbe de 3 jours, il parait plus agé qu'il ne doit l'être en réalité.Il semble être travailleur manuel.

La conversation s'engage, surtout la sienne, car visiblement il a envie de parler.

Il est natif de Lisbonne et s'exprime dans un français parfait, sans aucun accent.

Un mariage de 24 ans, un divorce, et depuis 12 ans vit une retraite heureuse ici, loin des grandes villes et de leurs maux.

-Et qu'est qui vous a amené ici, dans ce village un peu perdu?

-J'étais auditeur-controleur de gestion pour le groupe Accord International . Mon poste était basé à Lausanne,et je parcourais le monde entier. Tous les  deux mois une nouvelle destination. Et cela pendant 24 ans.

C'est pour cette raison que ma femme est partie.

Mais.. nous sommes restés très bons amis.

Nous avons eu deux garçons de 35 et 32 ans. l'un est ingénieur informatique en Californie chez Itt, l'autre travaille pour un important groupe international de pièrres précieuses en Angola.

Je leur ai acheté chacun une belle maison, et ils ont tous les deux des situations très enviables.

Mais d'un ton amer, il nous confie s'être'entendu dire par ses fils:

-Nous n'avons jamais manqué de rien,mais,.. tu n'étais jamais là.

Il s'arrête un instant, puis poursuit

-Alors j'ai choisi de venir ici vivre une vie simple, loin de ma femme, mes enfants, des grands hotels et des aéroports.

J'ai fait construire une pousada de trente chambres que je loue au mois à des travailleurs et cela me suffit.

La conversation s'engage ensuite sur le Brésil et diverse anecdotes.

Un peu plus tard:

-Connaissez vous un endroit où nous pourrions bivouaquer?

Il nous conseille d'aller 3 kms plus loin, au bord de la mer , à l'embouchure du rio

-Au bout du village vous tournez à droite puis à gauche.Une pancarte indique "Praia do Barra". C'est un endroit tranquille et très joli. Vous y serez très bien.

Effectivement nous verrons plus tard que l'endroit est tout semblable à une carte postale, avec l'océan et ses rouleaux qui se déroulent sur le sable blanc, les cocotiers qui se balancent au gré du vent, trois baraques de plage qui font office de snack-bars et leurs parasols jaune-soleil.

-Au fait on s'appelle Jacques et Martine, et vous?

-Le portugais, dit-il d'un ton péremptoire. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, demander simplement " Le Portugais". Ici c'est comme cela que tout le monde

m'appelle.

Une rapide poignée de main, un franc sourire amical et il s'en retourna vers sa pousada.

 

 

 

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